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En cas de réélection, Trump veut renforcer son contrôle sur la politique monétaire

S’il est réélu, Donald Trump veut non seulement des banquiers de la Fed dociles, mais aussi une influence directe sur la politique monétaire des États-Unis. « Un plan désastreux », avertit Sylvester Eijffinger, ancien conseiller de la Fed. 

L’ex-président a déclaré jeudi, lors d’une conférence de presse à Mar-a-Lago, que « le président devrait au moins avoir son mot à dire » sur les décisions prises par la Réserve fédérale concernant les taux d’intérêt. « J’ai gagné beaucoup d’argent, j’ai eu beaucoup de succès et je pense que j’ai un meilleur instinct que la Fed ou son actuel président », a-t-il ajouté. Selon Donald Trump, la politique monétaire est avant tout une question ‘d’instinct’.

Sylvester Eijffinger, professeur émérite d’économie financière, juge ces déclarations préoccupantes. « Ce serait désastreux si Donald Trump parvenait à réduire encore davantage l’indépendance de la Fed », a-t-il déclaré lors d’un entretien avec Investment Officer. Le marché des obligations d’État américaines est particulièrement menacé.

Deux options

Si Donald Trump est réélu, il dispose de deux options pour accroître son influence sur la Fed : modifier le Federal Reserve Act avec le soutien du Congrès, ou nommer un président loyal avec l’approbation du Sénat. Le marché s’attend à ce que les économistes Kevin Warsh, Kevin Hassett, Arthur Laffer et Steven Mnuchin figurent parmi les candidats potentiels pour cette nomination.

Bien que la deuxième option ne nécessite pas de modification législative, des conseillers républicains font pression pour que des changements radicaux soient apportés concernant l’indépendance de la Fed. Selon les projets de loi révélés en avril par le Wall Street Journal, la Fed serait placée sous la supervision directe de la Maison Blanche, avec un contrôle renforcé par le département du Trésor.

Ces propositions incluent également des lois permettant à Donald Trump de renvoyer le président de la Fed, Jerome Powell, avant la fin de son mandat en 2026. Le Federal Reserve Act stipule actuellement que les membres de la Fed, y compris le président, ne peuvent être destitués que pour un ‘motif valable’.

Des taux d’intérêt plus élevés en raison d’une faible crédibilité

Si Donald Trump parvient à nommer un président de la Fed qui abaisse les taux d’intérêt selon ses directives, cela pourrait porter atteinte à la crédibilité de la banque centrale, avertit Sylvester Eijffinger. A fortiori si Donald Trump peut lui-même s’impliquer dans les décisions de la plus grande banque centrale au monde concernant les taux d’intérêt.

Paradoxalement, ses réformes pourraient entraîner une hausse des taux d’intérêt à long terme, estime Wei Li, responsable mondiale de la stratégie d’investissement chez BlackRock. Elle a indiqué sur Bloomberg Television que les propos de Donald Trump pourraient influencer les taux d’intérêt exigés par le marché pour les obligations d’État.

Jay Barry, co-responsable de la stratégie de taux d’intérêt américains chez JPMorgan Chase & Co, a ajouté que toute atteinte à l’autonomie de la politique monétaire pourrait compromettre les anticipations d’inflation. « Les rendements à long terme pourraient augmenter si les marchés perçoivent la Fed comme moins indépendante et moins vigilante quant aux deux volets de son mandat », a-t-il précisé.

Un ex-détenu comme président de la Fed

Donald Trump a déclaré le mois dernier qu’il maintiendrait Jerome Powell à son poste s’il était réélu, mais une reconduction semble peu probable, estime Sylvester Eijffinger. « Jerome Powell est bien trop indépendant du président pour pouvoir prétendre à un nouveau mandat. » 

Jeudi, Donald Trump a révélé qu’il avait souvent eu des désaccords avec Jerome Powell durant sa présidence, déclarant que ce dernier était souvent « soit un peu trop en avance, soit un peu trop en retard », en référence aux décisions de la Fed sur les taux d’intérêt.

Sylvester Eijffinger pense que Donald Trump choisira probablement Peter Navarro. Ce dernier, qui a été libéré en juillet après avoir purgé une peine de quatre mois de prison pour avoir ignoré une citation à comparaître du Congrès, est un fervent partisan des tarifs douaniers contre la Chine et l’un des principaux conseillers de Donald Trump.
« Il est complètement politisé », déclare Sylvester Eijffinger. « Peter Navarro n’a pas le calibre de Powell et sait qu’il devra exécuter à la lettre les directives de Trump. C’est un vassal fidèle. »

Sylvester Eijffinger met également en doute l’indépendance totale de Jerome Powell. Invité à plusieurs reprises par le conseil d’administration de la Réserve fédérale en tant que scientifique et conseiller depuis 1992, il a pu observer de près la politisation de la banque centrale pendant les années électorales.

Baisse des taux d’intérêt

Powell fera tout son possible pour maximiser les chances de Kamala Harris, mais ne l’admettra pas ouvertement. « Elle le reconduirait en effet probablement à son poste. »
« Bien que la capacité d’influence de Powell soit limitée à court terme, il a tout intérêt à maintenir la croissance économique à un niveau stable ou à éviter une forte hausse du chômage », explique-t-il.

Une baisse des taux pourrait avoir un impact symbolique et renforcer la confiance des consommateurs. Les marchés anticipent une réduction en septembre, et si la Fed n’intervient pas, les coûts de financement pourraient augmenter et les conditions financières se durcir.

« Il est crucial de préserver autant que possible la confiance des électeurs américains dans l’économie, c’est pourquoi d’éventuelles baisses des taux d’intérêt en septembre sont également motivées par des considérations politiques », affirme Sylvester Eijffinger.

Le mois dernier, Jerome Powell a de nouveau fermement rejeté les critiques selon lesquelles il serait influencé par des considérations politiques dans ses décisions sur les taux d’intérêt en tant que président de la Fed : « Nous n’utilisons jamais nos moyens pour soutenir ou contrer un parti politique, un politicien ou un objectif politique ».

‘Het vertrouwen van de Amerikaanse kiezer in de economie moet zoveel mogelijk behouden blijven. Daarom zijn mogelijke renteverlagingen in september ook politiek gemotiveerd’, zegt Eijffinger.

Jerome Powell ontkende vorige maand nog maar eens krachtig de kritiek dat hij als Fed-voorzitter politieke invloeden zou laten meespelen bij rentebesluiten: ‘We gebruiken onze middelen nooit om een politieke partij, een politicus of een politiek resultaat te steunen of tegen te werken.’