Dans un contexte de taux négatifs, les acteurs institutionnels et les entreprises cherchent à ne surtout pas perdre d’argent sur leurs placements monétaires. Amundi enregistre depuis plusieurs mois une explosion de ses actifs sous gestion dans les produits obligataires à court terme.
Nathalie Coffre dirige le département des Short-term solutions chez Amundi, et supervise ainsi plus de 33 milliards d’euros en actifs sous gestion. « Notre gamme comporte plusieurs familles de produits, la plus importante étant celle les fonds obligataires à très court terme (25 milliards d’euros), soit jusque 24 mois de maturité ». L’année dernière, notre plus grand produit (Amundi 6M) a ainsi vu ses actifs sous gestion doubler pour dépasser la barre des 11 milliards d’euros.
« Notre activité a rencontré une forte croissance en raison des rendements négatifs sur les fonds monétaires traditionnels, et nous avons également rencontré beaucoup plus de demande de certains grands institutionnels pour nos solutions de performance absolue à faible volatilité. Ces produits ajoutent des opportunités par rapport à une offre qui est souvent concentrées sur des placements monétaires ou des produits obligataires avec une maturité tournant autour de trois ans ».
Diversification
Elle souligne également qu’Amundi dispose aujourd’hui d’un très long historique de performance dans ces expertises. « Certains produits existent depuis 2004, et nous avons donc déjà pu affiner le processus de gestion au travers de différentes crises, en intégrant notamment des mécanismes de protection par différents instruments dérivés. Nous fonctionnons également beaucoup sur base des demandes qui proviennent de nos clients institutionnels et des entreprises, qui représentent l’essentiel des actifs sous gestion de ces solutions ».
Nathalie Coffre indique encore que les portefeuilles sont gérés de manière très opportuniste, avec une diversification importante sur plus de 100 émetteurs pour chaque produit, une gestion active du risque crédit et une part prépondérante accordée aux émissions de meilleure qualité. « Et même quand nous investissons dans des émetteurs non notés, il faut que nos analystes en interne accordent une note de type investment grade à l’émetteur ».
Crise italienne
Pour 2018, elle estime que le scénario économique devrait rester semblable à celui connu l’année dernière, avec une croissance sans inflation qui devrait permettre à la Banque Centrale Européenne de garder ses taux bas, « même s’il existe plusieurs facteurs qui pourraient peser sur la croissance à moyen terme, notamment une guerre commerciale avec les Etats-Unis ou l’évolution des prix du pétrole ». Mais les clients se posent aujourd’hui beaucoup de question sur la situation italienne, « qui pourraient changer beaucoup la donne pour les prochains mois, en particulier pour la situation des institutions bancaires de ce pays».
L’Italie représente ainsi environ 10 % des actifs sous gestion pour Amundi 6M. Nathalie Coffre exclu toutefois que la BCE annonce une augmentation des rachats pour la dette italienne, mais souligne que ces incertitudes risquent de « repousser encore la normalisation de la politique monétaire européenne ». Elle souligne également les incertitudes sur la dette italienne joueront en faveur de la dette allemande, qui fera office de valeur refuge. « Il sera difficile d’être positionné à la baisse sur les émissions allemandes ».
A moyen terme, Nathalie Coffre indique également que la perspective d’un arrêt des achats de la BCE sur le segment de la dette corporate pourrait entraîner une repentification de la courbe. « L’impact dépendra en grande partie de l’importance du marché primaire, avec une santé financière des entreprises qui est généralement bonne. Il faut aujourd’hui se préparer à être pris à contrepied sur la dette corporate européenne ».