Les premiers clients de neuf banques européennes, dont KBC, peuvent utiliser dès ce mois-ci une plateforme commerciale basée sur la technologie de la blockchain, confirme Chantal Van Haute, trade & innovation expert chez KBC, à Investment Officer. D’autres banques devraient prochainement rejoindre la plateforme.
KBC est à la base de la plateforme we.trade, qui est maintenant une co-création de neuf banques européennes. Son développement s’est poursuivi après une phase de test avec la banque néerlandaise Rabobank. Deutsche Bank, HSBC, Natixis, Nordea, Santander, Société Générale et UniCredit participent également au projet. KBC a développé la ‘proof of concept’ en collaboration avec la société belge Cegeka et la plateforme a été construite par IBM. we.trade est en Europe la première plateforme commerciale utilisant la technologie de la blockchain à entrer en production.
Entrave au commerce
Selon Van Haute, les défis auxquels sont confrontés les clients dans l’arène du commerce international ont été primordiaux pour la construction de la plateforme. Par exemple, afin de poursuivre leur croissance, de nombreuses PME belges dépendent de transactions d’exportation et d’importation, dont la très grande majorité ont lieu en Europe. Le manque de confiance pour le commerce avec une nouvelle contrepartie freine cette croissance nécessaire, explique Van Haute.
« Les entreprises sont dans une position ‘catch 22’ : soit l’acheteur doit effectuer un paiement anticipé sans savoir s’il recevra les marchandises, soit le vendeur doit supporter le risque de défaillance. Les grandes entreprises utilisent des services bancaires tels que le crédit documentaire. Pour les petites entreprises, ce n’est généralement pas une option parce qu’il est trop complexe ou trop coûteux. De plus, la livraison de marchandises au sein de l’Europe est souvent plus rapide que le flux de documents. »
Le principe du ‘si… alors’
Mais selon Van Haute, la situation est en train de changer. La blockchain s’avère être la technologie parfaite pour connecter acheteurs et vendeurs en toute sécurité. Les transactions peuvent être suivies de la commande au paiement, et des services bancaires simples et numériques peuvent être demandés pour la sécurité du paiement et le financement. En outre, les banques connectées peuvent effectuer automatiquement des paiements via la plateforme, nous explique Van Haute.
« Le ‘smart contract’ dans la blockchain est basé sur le principe du ‘si… alors’. Il s’agit en quelque sorte d’une chaîne d’événements qui se succèdent de manière logique. Sur la base d’accords conclus entre l’acheteur et le vendeur (par exemple, le chargement d’une facture, éventuellement accompagnée d’une confirmation de livraison des marchandises via Track & Trace), le paiement de la transaction commerciale en fin de chaîne peut être effectué automatiquement par la banque concernée. »
Smart data exchange
La plateforme commerciale we.trade, qui repose sur la technologie Hyperledger Fabric, est actuellement dans sa phase finale de production. Selon Van Haute, cette première version sera adaptée progressivement, suite au feed-back des utilisateurs. we.trade est désormais également en pourparlers avec d’autres banques intéressées, ainsi qu’avec des prestataires de services non bancaires tels qu’entreprises douanières, logistiques et portuaires. La première transaction réelle entre deux parties via la plateforme devrait avoir lieu dans les semaines à venir.
Van Haute : « we.trade nous permet de soutenir et de digitaliser le commerce international entre entreprises. La technologie de la blockchain offre de nombreuses possibilités d’élargissement de notre proposition de valeur avec, par exemple, l’identité des biens et des entreprises. Je vois également la valeur ajoutée de l’établissement de connexions entre réseaux au moyen du ‘smart data exchange’, qui permet d’échanger des données de la chaîne d’approvisionnement. Bref, nous ne sommes qu’au début d’une histoire passionnante ! »
