La fintech Easyvest suscite le courroux des banques

Corentin Scavée, Matthieu Remy - Easyvest
Corentin Scavée, Matthieu Remy - Easyvest

Le spécialiste de l’investissement indiciel annonce le lancement de son propre service de banque privée. La fintech bruxelloise affirme que les grands indices boursiers réalisent systématiquement de meilleurs rendements que la gestion active pratiquée par les banques belges. Ces dernières estiment toutefois que l’on « compare des pommes et des poires ».

Fondée en 2016 par Corentin Scavée et Matthieu Remy, Easyvest est un gestionnaire de patrimoine en ligne spécialisé dans l’investissement indiciel. La fintech, qui gère actuellement environ 275 millions d’euros pour 3900 clients, annonce une offensive contre les banques privées traditionnelles avec une « promesse simple : des rendements exceptionnels à long terme et un accompagnement hautement personnalisé ».

L’investissement indiciel génère de meilleures performances que les fonds proposés par les banques privées. Sur le plan de la gestion purement financière, les fondateurs d’Easyvest estiment donc que la fintech n’a donc rien à leur envier. « Si nous parvenons à reproduire les autres services des banques privées, et notamment les conseils fiscaux et juridiques, nous proposerons alors une offre supérieure », poursuivent-ils.

« Nous sommes convaincus que l’avenir de la gestion de patrimoine repose sur l’investissement indiciel accompagné : une approche qui combine performance, transparence, outils numériques de pointe et conseil personnalisé, sans frais inutiles », déclare Corentin Scavée dans un communiqué de presse.

Gestion active ou passive

Dans le tableau ci-dessous, Easyvest démontre que l’investissement indiciel génère systématiquement de meilleurs rendements que les fonds dynamiques de Delen, Degroof Petercam et des quatre grandes banques belges. Que ce soit sur 1 an, 3 ans, 5 ans ou 10 ans, ces fonds affichent à chaque fois des performances inférieures. 

« Dans toutes les situations de marché, l’investissement indiciel a surpassé la gestion active », conclut la fintech. « Au cours des dix dernières années, les indices mondiaux ont généré de meilleurs rendements que la plupart des gestionnaires actifs en Belgique, quel que soit l’horizon d’investissement ou le profil de risque. »

Easyvest tabel
Easyvest tabel

KBC conteste toutefois ces chiffres. « Le fonds utilisé pour cette comparaison n’apparaît pas clairement, mais le rendement réel sur trois ans de nos fonds ne correspond même pas aux chiffres présentés dans le tableau », réagit la banque.

Selon KBC, le rendement sur trois ans d’un profil très dynamique (composé de 75 % d’actions et de 25 % d’obligations) s’élève à 5,65 %, soit un résultat supérieur à celui des indices.

« Comparer un ETF 100 % actions avec un fonds très dynamique (75 % d’actions), c’est comparer des pommes et des poires, surtout après une année où le marché des actions a enregistré des performances exceptionnelles », ajoute la banque.

« Les ETF et la gestion active sont complémentaires, et l’analyse doit se faire sur le long terme. Cette comparaison doit donc être replacée dans un contexte plus large. Chaque formule a ses avantages et ses inconvénients », réagit Belfius. Détail piquant : Belfius est investisseur dans Easyvest via sa filiale d’assurance, Belfius Insurance.

ING s’interroge également sur les critères de comparaison. Les autres banques citées n’ont pas donné suite à la demande de réaction.

Services fiscaux

Au-delà du débat entre gestion active et passive, Easyvest défie le secteur bancaire traditionnel en proposant ses propres services fiscaux et juridiques à destination des clients fortunés (à partir de 250 000 euros). Le challenger en ligne affirme pouvoir les proposer à la moitié du prix par rapport aux tarifs habituellement pratiqués.

« Nos services comprennent la formation, la structuration des comptes (copropriété, démembrement de propriété, comptes d’entreprise), les audits de portefeuille et la planification successorale – pour  des frais annuels compris entre 0,40 et 1 % par an, soit en moyenne deux fois moins élevés que pour la plupart des banques privées », conclut Easyvest.

*Dans un message adressé à la rédaction après la publication du présent article,  Easyvest précise que l’affirmation selon laquelle les placements indiciels devancent systématiquement la gestion active doit être replacée dans le contexte d’une étude mentionnant spécifiquement les fonds analysés. 

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