Le mystère des prix des matières premières : quels sont les facteurs de rendement ?

Gertjan Verdickt

Pour les investisseurs institutionnels, il est essentiel de comprendre les mouvements des prix des matières premières. Alors que sur les marchés financiers traditionnels, la variation des taux d’actualisation joue un rôle prépondérant, dans le cas des matières premières, d’autres forces sous-jacentes animent le marché. 

Les études montrent que les prix des matières premières reflètent non seulement les rendements attendus (comme c’est le cas, par exemple, pour les actions), mais qu’ils sont également un indicateur des flux de trésorerie futurs. Cela rapproche davantage les matières premières du modèle économique classique, dans lequel les variations de prix reflètent principalement les informations concernant les flux de trésorerie (actuels et futurs). En d’autres termes : cela démontre le décalage entre les matières premières et les actions.


Graphique 1 : variables clés pour un indice pondéré par les prix de 23 matières premières différentes

Contrairement aux marchés boursiers, où les prix prédisent principalement les rendements futurs, sur le marché des matières premières, la croissance du rendement de commodité net joue un rôle plus important. Il s’agit de l’avantage ou de la valeur qui découle de la possession physique d’une matière première. Des prix plus élevés aujourd’hui laissent présager non seulement des rendements de commodité plus élevés à l’avenir, mais aussi des rendements escomptés plus faibles. 

Cela montre à quel point il est important pour les investisseurs d’approfondir leur analyse et de prendre en compte des facteurs structurels tels que les coûts de stockage et la dynamique de l’offre et de la demande.

Un obstacle majeur dans les analyses traditionnelles est la difficulté de prendre en compte les rendements de commodité nets négatifs. Mon étude introduit la « transformation neglog », qui permet d’analyser les valeurs négatives sur une échelle linéaire sans perdre leur signification économique. En conséquence, l’étude fournit un modèle amélioré pour prédire les rendements et la croissance des rendements.
 


Quelles sont les principales conclusions ?

  • Prévisions à long terme : à plus long terme, les prix des matières premières sont principalement influencés par la croissance des rendements de commodité nets, plutôt que par les variations de taux d’actualisation.
  • La volatilité comme outil de prévision : les variations de prix sont liées à la prévisibilité des rendements futurs et à la croissance des rendements. Ces informations offrent aux investisseurs institutionnels des avantages stratégiques pour anticiper les fluctuations du marché.
  • Dynamique du marché : lorsque le marché est en report (prix à terme supérieurs aux prix au comptant), les rendements sont souvent inférieurs. Le contraire, déport, indique un rendement de commodité élevé et des rendements favorables.

Qu’est-ce que cela signifie pour les investisseurs institutionnels ?

  • Stratégies à long terme : comprendre la dynamique entre les rendements de commodité et les prix peut aider à développer des stratégies solides qui vont au-delà des tendances à court terme.
  • Avantages de la diversification : les matières premières jouent de plus en plus un rôle de diversification au sein des portefeuilles, notamment en raison de leurs caractéristiques uniques qui ne présentent pas de forte corrélation avec les classes d’actifs traditionnelles.
  • Tirer parti des données : l’application de techniques d’analyse innovantes, telles que la transformation de neglog, peut permettre de prendre de meilleures décisions d’investissement sur des marchés volatils.

Conclusion

Les marchés de matières premières se distinguent par une dynamique unique dans laquelle les prix prédisent à la fois les flux de trésorerie et les rendements. Pour les investisseurs institutionnels, il est essentiel de comprendre ces différences et d’adapter les stratégies en conséquence. Cette étude fournit des informations précieuses et souligne que les matières premières nécessitent une approche spécifique dans le cadre de la gestion de portefeuille. Dans un monde où les marchés sont de plus en plus complexes, un principe demeure : la connaissance est la clé du succès.

Gertjan Verdickt est professeur assistant de finance à l’université d’Auckland et chroniqueur pour Investment Officer.