De bonnes surprises apportées par l’impact colossal de l’intelligence artificielle, le renouveau de la Chine, une BCE plus déchaînée que jamais, la menace silencieuse des taux longs américains : voici quelques-unes des surprises que nos chroniqueurs et experts néerlandais et belges estiment possibles en 2025.
Au nom de la rédaction et de l’ensemble de nos chroniqueurs et collaborateurs, nous vous adressons nos meilleurs vœux de santé et de réussite pour 2025 !
Résurrections orientales
Jan Vergote, chroniqueur belge :
« À mon avis, la Chine pourrait créer la surprise dès le second semestre de l’année prochaine. Le pays semble de plus en plus convaincu que son modèle d’exportation industrielle a atteint ses limites. Les tensions commerciales mondiales poussent la capacité de résistance des exportations chinoises à son maximum, forçant ainsi la transition vers un modèle économique davantage orienté sur la demande intérieure.
La Chine a tout intérêt à adopter cette stratégie afin d’éviter un conflit international dont personne ne sortirait gagnant. Les dirigeants politiques sont prêts à changer leur fusil d’épaule et à se tourner vers les consommateurs nationaux. Outre des assouplissements budgétaires et monétaires, nous pensons que l’on peut également s’attendre à un soutien accru à des domaines clés de la prospérité sociale, comme la santé, les retraites et l’éducation.
Je prends les menaces de Donald Trump envers la Chine avec beaucoup de recul. En tant que détenteur majeur d’obligations d’État américaines, fournisseur de biens bon marché pour de nombreux Américains et propriétaire de métaux rares, la Chine a toutes les cartes en main pour rendre la monnaie de sa pièce à Donald Trump.
Dans ce contexte, je surpondère l’Asie et le Japon. Je privilégie l’Asie dans le cadre de la stratégie des « pays connecteurs », mais aussi en tant que partenaire commercial important. Quant au Japon, je le surpondère en raison de la volonté d’améliorer la gestion d’entreprise et de sa force dans les domaines de l’automatisation et de la numérisation, en partie motivée par le vieillissement de sa population. »
Les taux longs américains, une menace silencieuse
Stephan Desplancke, chroniqueur belge :
« Tant en 2023 qu’au début de cette année, de nombreux stratèges anticipaient une probabilité accrue de récession ou, a minima, un sérieux ralentissement de la croissance. Après deux années fastes sur les marchés boursiers, les médias financiers mondiaux mettent désormais en garde contre une possible correction dans les mois à venir. Parallèlement, ces mêmes observateurs tablent néanmoins sur une hausse de 5 à 10 % pour l’indice S&P 500 d’ici fin 2025. Comme de coutume, chacun y va de ses prévisions, mais je suis frappé de constater à quel point elles sont rarement confrontées à la réalité par la suite. Mais bon, il est vrai que cela n’a rien de très commercial.
La plupart des surprises en Bourse surgissent souvent d’un événement inattendu, qui crée une étincelle et déclenche une réaction en chaîne. Ces événements sont généralement d’ordre (géo)politique, monétaire ou systémique.
La menace silencieuse pour 2025 pourrait bien venir des taux longs américains, qui pourraient dépasser les 4,5 %, franchissant ainsi une résistance clé. Une politique économique américaine imprévisible, combinée à un déficit budgétaire exorbitant, pourrait mettre le feu aux poudres, avec des répercussions douloureuses aussi bien sur les marchés d’actions que sur les marchés obligataires. L’effet de richesse négatif qui en pourrait résulter pourrait remettre en question l’exceptionnalisme américain et contraindre la Réserve fédérale américaine à prendre de nouvelles mesures. Heureusement, la banque centrale dispose de munitions pour soutenir l’économie. Mais le mal sera déjà fait. »
Attachez vos ceintures avec la BCE
Han de Jong, chroniqueur néerlandais :
« Les développements économiques pour 2025 sont difficiles à prévoir. Il est évident que la politique américaine sous la nouvelle présidence constitue la plus grande incertitude. Plus près de chez nous, la question est de savoir jusqu’où ira la BCE dans sa politique de baisse des taux d’intérêt.
En juin, la BCE a décidé de procéder à sa première baisse des taux d’intérêt. Initialement, elle semblait s’orienter vers un rythme d’une baisse par trimestre, ce qui a conduit à une deuxième baisse en septembre. Cependant, les colombes ont rapidement pris le dessus et, depuis septembre, chaque réunion consacrée aux taux d’intérêt s’est conclue par un nouvel abaissement. Le rythme des baisses a ainsi effectivement doublé. »
Entre-temps, le débat se poursuit pour déterminer si les baisses de taux d’intérêt doivent s’arrêter au niveau « neutre » (quel qu’il soit précisément), ou si la BCE ira (ou devra aller) plus loin. Bien entendu, tout dépendra de la situation économique. Une combinaison de croissance décevante, d’une inflation en ligne avec l’objectif de la BCE et de la domination des colombes au sein de cette dernière rend le scénario d’une baisse des taux sous la barre des 2 % le plus probable. Attachez vos ceintures ! »
L’impact largement sous-estimé de l’IA
Han Dieperink, chroniqueur pour IO Pays-Bas et Belgique :
« L’impact, c’est la masse multipliée par la vitesse. À chaque grande innovation technologique dans l’histoire, l’impact s’est révélé plus important qu’anticipé. Il semble que nous le sous-estimions systématiquement. Cela s’explique également par l’accélération constante dans l’adoption des nouvelles technologies. Il a fallu 30 ans pour que l’électricité atteigne 30 % de la population, 15 ans pour Internet, et l’intelligence artificielle générative atteindra ce seuil en moins de cinq ans. Malgré la régularité de ces surprises positives, elles continuent de générer des rendements spectaculaires, comme ce fut également le cas en 2023 et 2024.
Le phénomène de l’intelligence artificielle dépasse l’impact de l’iPhone, du cloud computing, d’Internet ou même du PC. Son ampleur rappelle davantage les bouleversements survenus à la fin de la deuxième révolution industrielle, avec l’émergence de la production de masse, du moteur à combustion interne, des avions et des machines agricoles. Alors que l’automatisation portait autrefois sur la force physique humaine, elle concerne désormais la puissance intellectuelle humaine. Cela va bien au-delà de l’intelligence artificielle générative et inclut également les véhicules à conduite autonome, l’intégration de robots intelligents dans les secteurs de la santé et de l’éducation ou même dans les foyers, et même une nouvelle façon de faire la guerre. L’impact de l’intelligence artificielle reste largement sous-estimé, faisant de 2025 un terrain propice à de bonnes surprises – non pas grâce aux entreprises qui développent cette technologie, mais à celles qui l’utilisent. »