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'L’instauration des ODD incite à une "gigantesque machine d’écoblanchiment'

Eric Borremans

L’instauration desdits ODD par les Nations Unies est susceptible de mettre en route une ‹gigantesque machine d’écoblanchiment’.

C’est ce qu’a exprimé Eric Borremans, responsable de la politique ESG de Pictet, dans un entretien avec Fondsnieuws.

Eric Borremans affirme qu’à peu près tout le monde dans le secteur de l’industrie a sauté dans la grand bain de la durabilité et que la ‹tentation› est particulièrement forte de se profiler comme plus durable que ne semble le légitimer un examen plus approfondi de la politique et des produits. Les Objectifs de Développement Durable (ODD ou SDD pour Sustainable Development Goals) ont été instaurés par les Nations Unies en 2016.

‹Le plus gros risque est que les entités émettrices se servent avant tout de la durabilité à des fins de marketing et que de ce fait, se produise à terme une dépréciation de ce thème et de sa crédibilité, explique Borremans. 

Selon ce belge francophone, Pictet ne prend pas part à ce mouvement. ‹Nous nous positionnons en tant que « conservateurs réalistes ». Nous ne promettons pas ce que nous ne sommes pas capables de réaliser.› Ainsi, il cite des entités émettrices qui prétendent que 80 % du chiffre d’affaires total des entreprises dans lesquelles elles investissent sont durables, c’est-à-dire qu’elles répondent aux Objectifs de Développement Durable.

‹Mais cette vision optimiste est absurde. On est en absolument pas là. Les entreprises ne sont pas si avancées, explique Eric Borremans qui parle d’une tendance qui consiste à « ajouter une couche » sur ce sujet. 

Dans son récent rapport ‹SDG›s Impact Screener›, la société de courtage française Kepler Chrevreux confirme ce point de vue. Ce rapport expose que pas plus de ‹4 à 11 %› du chiffre d’affaires des entreprises que suit la société de gestions d’actifs, sont directement liés à des ODD. En l’occurrence, il s’agit surtout de sujets liés à l’environnement et au secteur de la santé.

Kepler Chevreux prône une grande prudence lorsqu’on parle d’évaluer l’ampleur du marché ODD. Selon les auteurs du rapport, il faut optimiser les définitions et les paramètres pour dresser une réelle évaluation du marché. En termes de capitalisation de marché, pas plus de 16 % des fonds boursiers environ répondent aux critères ODD.

Le promoteur des indices boursiers, FTSE Russell, approuve l’estimation de Kepler à propos de l’ampleur du marché, mais dresse néanmoins une autre conclusion : l’économie verte représente près de 6 % de la capitalisation de marché dans le monde entier et est en hausse. En ce sens, les entreprises ‹vertes› s’en sortent mieux que les indices boursiers larges. 

Eric Borremans souligne encore que Pictet se montre très enthousiaste à propos des objectifs ODD des Nations-Unies pour orienter la politique de durabilité et formuler des objectifs concrets mais qu’à un niveau de détails, c’est très complexe et que les prestataires pourraient aisément amener le client (final) à faire fausse route.