Le titre de cet article d’opinion porte quelque peu à controverse. En 2018, j’avais écrit un article pour le supplément Fondsnieuws de FD, titré « Make America Great Again ». Le rédacteur l’a tout de suite remarqué et l’a changé pour : « Rabobank : Donald Trump, un atout pour la Bourse et l’économie ».
Depuis lors, j’en garde surtout un souvenir reconnaissant sur le plan financier. J’écris donc aujourd’hui, non pas un article sur la déforestation en Amazonie, mais bien un nouvel article sur Donald Trump, toujours en sachant que l’ancien président suscite encore de nombreuses émotions chez les gens. On l’aime ou on le déteste. Cet article n’a expressément pas vocation à faire choisir un camp, mais plutôt à expliquer quel serait l’effet d’un second mandat sur l’économie et la Bourse.
L’article de 2018 parlait du passage d’une politique monétaire non conventionnelle à trois nouvelles formes de politiques non conventionnelles : une politique budgétaire, une politique économique et une politique commerciale non conventionnelles. Ce sont surtout les deux premières qui ont permis aux actions américaines de poursuivre leur surperformance. La politique de Donald Trump ne semble depuis lors plus du tout aussi controversée, mais cela est aussi dû au fait que le Covid et la guerre en Ukraine aient entraîné une politique bien moins conventionnelle. Joe Biden va même encore plus loin en ce qui concerne les sanctions à l’encontre de la Chine. Lui aussi enregistre, au point culminant du cycle (en situation de plein emploi), un déficit budgétaire de 8 %, ce qui est plutôt controversé.
Soutien plus fort après les attentats
Si Donald Trump n’est bien évidemment pas encore assuré de gagner les prochaines élections, les attaques terroristes en Israël ont nettement renforcé ses chances. La guerre qui s’est ensuivie a divisé en deux le camp démocrate. Joe Biden a très clairement misé sur le mauvais cheval en manquant de fermeté vis-à-vis de l’Iran.
Le fait que Rashida Tlaib, femme politique palestino-américaine siégeant au Congrès, ait accusé le président actuel de soutenir « le génocide du peuple palestinien » ne l’aide évidemment pas non plus. Le risque d’une scission au sein du Parti démocrate a depuis lors fortement augmenté. C’est longtemps au sein du camp républicain que l’on a justement craint une telle division ; l’élection de Kevin McCarthy au poste de speaker de la Chambre des représentants a nécessité pas moins de 15 tours de scrutin, mais son successeur Mike Johnson a été élu particulièrement vite, bien qu’aidé en ce sens par l’approche du 17 novembre, date limite d’un accord sur le budget.
Donald Trump en tête dans les sondages
Selon les sondages d’opinion, Joe Biden est actuellement derrière Donald Trump dans cinq des six États les plus importants (les fameux « swing states »). Bien évidemment, l’âge de Joe Biden interpelle, tout comme son approche économique, mais les changements majeurs dans le paysage électoral ont été entraînés par l’attitude du président actuel au Moyen-Orient. Même si, pour les Américains, ce qui compte avant tout, c’est toujours leur propre porte‑monnaie.
Une enquête récente nous apprend que la plupart des électeurs estiment que leurs finances se porteront mieux si Donald Trump remporte les élections et non Joe Biden. Selon une enquête du New York Times, pas moins de 59 % d’entre eux pensent que leur situation sera meilleure avec Donald Trump, contre seulement 37 %avec Joe Biden. Toujours selon cette enquête, deux tiers des Américains pensent que les États-Unis prennent la mauvaise direction avec Joe Biden comme président.
L’héritage de Donald Trump
Donald Trump n’a pourtant que quelques années de moins que Joe Biden. Si les Américains s’inquiètent réellement quant à l’âge de ce dernier, alors le premier est également trop âgé pour un second mandat. Donald Trump est en outre visé par plusieurs affaires judiciaires, mais celles-ci sont de plus en plus politisées après sa progression dans les sondages. Si la campagne n’a pas encore débuté, les promesses faites par Donald Trump lors de sa campagne précédente ont, pour une grande part, été tenues.
Une grande omission de son premier mandat, cependant, est l’accomplissement d’un grand projet pour le peuple américain. Pour quelqu’un qui fait inscrire son nom en grandes lettres dorées sur des bâtiments, c’est une chose qu’il faudra corriger lors d’un second mandat. Peut-être Donald Trump pourra-t-il s’attaquer à l’infrastructure américaine. Son prédécesseur Dwight Eisenhower avait laissé derrière lui tout un réseau d’autoroutes, et Donald Trump - lui-même fan d’Eisenhower - pourrait bien lui emboîter le pas.
Agenda47
Le nom de son programme électoral est d’ores et déjà connu : il s’appellera Agenda47, une référence au fait que Donald Trump deviendrait, en cas de victoire, le 47e président des États‑Unis. Et cette fois-ci, il semble prêt à tout faire pour surpasser les attentes. Il promet ainsi d’investir dans des voitures volantes et projette de bâtir des « freedom cities » sur des territoires fédéraux inoccupés où, à l’image des zones économiques libres de Chine, aucune règle ne s’appliquerait.
Donald Trump annonce également que tous les vagabonds seront transportés vers un campement hors des États-Unis. La guerre commerciale sera également poursuivie : une taxe sera imposée sur tous les produits issus de pays pratiquant, à ses yeux, un commerce inéquitable. Tant qu’un migrant ne disposera pas des papiers requis, il devra attendre dans un centre hors des États-Unis, et les enfants de migrants illégaux nés sur le sol américain n’auront plus automatiquement la nationalité américaine. Enfin, Donald Trump entend mettre un terme à la guerre en Ukraine et souhaite même que les États‑Unis quittent l’OTAN.
Enfin, l’énergie est la grande priorité de l’agenda de Donald Trump. La production pétrolière doit augmenter, et la facture énergétique des citoyens doit diminuer. Pour lui, ce sont les prix de l’énergie élevés qui causent l’inflation. Bon nombre de ses propositions nécessitent cependant d’être approuvées par le Congrès, partiellement aux mains des démocrates. Certaines d’entre elles, comme celle voulant qu’un enfant né aux États-Unis ne soit pas automatiquement américain, requerraient même de modifier la Constitution. Mais Donald Trump peut changer beaucoup de choses en peu de temps et assez facilement, juste en remplaçant certaines personnes à des postes importants. Verdict le mardi 5 novembre 2024.
Han Dieperink est directeur de la stratégie d’investissement chez Auréus Vermogensbeheer. Il a auparavant été directeur des investissements chez Rabobank en Schretlen & Co.