Après un puissant rebond des marchés à la fin de l’année dernière, les valorisations des différentes classes d’actifs semblent tendues. Bien que le scénario de base de Schroders suppose toujours un atterrissage en douceur aux États-Unis, cette attente est désormais largement reflétée dans les prix des actions, les écarts de crédit et l’anticipation de réductions des taux d’intérêt sur les marchés obligataires.
Selon Johanna Kyrklund, directrice des investissements chez Schroders, le défi pour les investisseurs réside dans la vitesse à laquelle les marchés peuvent changer, compte tenu des élections à venir dans 40 pays, d’un environnement géopolitique tendu et des banques centrales qui pilotent les atterrissages économiques, autant d’éléments qui contribuent à la volatilité potentielle des marchés. Selon Kyrklund, la baisse des taux d’intérêt plaide en faveur de l’investissement mais il importe de disposer de stratégies d’investissement flexibles, capables de réagir rapidement à l’évolution des marchés et de tirer parti de nouvelles opportunités d’investissement.
Au cours du trimestre précédent, les préoccupations des investisseurs se sont concentrées sur les éventuelles hausses de taux de la Réserve fédérale (Fed). Schroders s’en est écarté en anticipant un plafonnement des taux d’intérêt. Toutefois, l’évolution rapide des marchés obligataires indique que les investisseurs sont désormais désireux d’assister à un revirement de la part de la Fed.
Bien que Schroders ne prévoie pas de baisse significative des taux d’intérêt, le gestionnaire d’actifs britannique a ajusté ses positions en fermant les investissements à long terme et en favorisant les stratégies d’investissement qui bénéficient de la baisse des taux d’intérêt. Cette approche tient compte des niveaux d’emploi élevés, de l’évolution des tendances en matière d’inflation et d’une approche prudente des réductions agressives des taux d’intérêt par la Fed.
Pour l’avenir, Kyrklund souligne l’importance d’évaluer le paysage politique après la 3D Reset, en tenant compte de la diversité des circonstances et des défis auxquels sont confrontées les différentes économies. Dans ce contexte, les divergences économiques sont considérées comme une opportunité d’investissement :
- Les marchés émergents aux politiques plus orthodoxes offrent des perspectives positives pour la dette en monnaie locale.
- La Chine est confrontée à un environnement d’investissement déflationniste dans un contexte de crise immobilière, ce qui nécessite une approche prudente de son cycle d’exportation.
- Le Japon maintient sa politique de relance en raison de son passé déflationniste et du niveau élevé de sa dette publique.
- L’Europe est confrontée à des problèmes de croissance, mais bénéficie d’un système politique stable et d’une politique fiscale conservatrice.
- Grâce au statut du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale, les États-Unis disposent d’une plus grande marge de manœuvre pour les politiques de relance, mais une possible imprudence budgétaire suscite des inquiétudes.
Kyrklund reconnaît l’évolution du consensus économique, qu’elle attribue aux conséquences de la pandémie et aux bouleversements technologiques en cours. Les 3D — démographie, démondialisation et décarbonisation — compliquent la relation entre la croissance et l’inflation.
Enfin, Kyrklund recommande de ne pas se fier aux stratégies d’investissement qui se sont avérées efficaces au cours de la dernière décennie. Au contraire, il est important de se concentrer sur la reconnaissance des différences et de saisir les nouvelles opportunités offertes par cet environnement économique en constante évolution. L’évolution économique continuant d’être influencée par le comportement humain, la capacité d’adaptation et une bonne compréhension des tendances émergentes seront essentielles pour les investisseurs au cours des prochains trimestres.
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