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Schroders : Quels pays profiteront de la reconfiguration de la mondialisation ?

Schroders : Quels pays profiteront de la reconfiguration de la mondialisation ?

Les marchés et les investisseurs accordent de plus en plus d’attention à la restructuration de la mondialisation. Cela s’explique par la fin du cycle économique actuel et un changement de régime. Des termes comme « nearshoring » (délocalisation proche), « reshoring » (relocalisation), « onshoring » (externalisation à l’intérieur des frontières nationales), « diversification de la chaîne d’approvisionnement », « friendshoring » (délocalisation dans des pays amis), « slowbalisation » (ralentissement de la mondialisation), « démondialisation » et même « remondialisation » sont utilisés pour décrire ce phénomène. Tout cela signifie que l’ère de la mondialisation, débutée dans les années 90, est probablement arrivée à un tournant, comme l’expliquent Andrew Rymer, stratégiste senior, et David Rees, économiste en chef des marchés émergents, de Schroders.

La mondialisation a apporté des avantages tels que la réduction des coûts, les économies d’échelle, la spécialisation et l’amélioration de l’efficacité, en répartissant les processus de production dans différents pays et zones géographiques. La Chine a, dans ce cadre, pris une place à ce point dominante qu’elle a été baptisée « l’usine du monde ». La pandémie mondiale de Covid-19 a cependant mis en lumière les risques et les vulnérabilités de cette mondialisation, avec les confinements en Chine qui, en 2020,  ont marqué le début d’une longue perturbation de la chaîne d’approvisionnement mondiale.

Un réflexe naturel des multinationales consiste à diversifier et améliorer la sécurité de leurs chaînes d’approvisionnement. Au début de l’ère de la mondialisation, l’efficacité et les coûts figuraient en tête des priorités. Aujourd’hui, l’accent est plutôt mis sur la résilience et la fiabilité. Maintenant que la Chine se trouve au cœur de la production mondiale, les investisseurs se demandent évidemment quelles économies et quels marchés d’actions pourront profiter de la restructuration de la mondialisation et des probables perturbations que celle-ci va provoquer. En fin de compte, au vu de la place dominante qu’occupe actuellement la Chine, les changements éventuels iront vraisemblablement de pair avec une relocalisation des chaînes d’approvisionnement en dehors de ce pays.

Quelles sont les priorités des multinationales au niveau des chaînes d’approvisionnement ?

Pour les multinationales, prévoir les priorités dans les chaînes d’approvisionnement constitue une tâche complexe qui dépend de plusieurs facteurs. La délocalisation massive de la production vers la Chine a notamment montré que les entreprises sont particulièrement attirées par des pays où la main-d’œuvre est nombreuse et bon marché. Elles sont également sensibles aux réformes structurelles, avantages fiscaux et autres accords commerciaux qui améliorent le climat des affaires. Les multinationales peuvent ainsi non seulement accéder directement à de la main-d’œuvre bon marché, mais également accéder à des marchés qui offrent des perspectives de croissance sur le long terme, à l’image de ce que la Chine offrait dans le passé.

L’évolution rapide de l’environnement économique et politique mondial va également faire apparaître d’autres facteurs complexes qui influenceront les décisions des multinationales.  Par exemple, en cas de crises, les troubles géopolitiques pourraient inciter les entreprises à quitter complètement l’Asie. En outre, les entreprises qui produisent des marchandises essentielles à la sécurité nationale pourraient être contraintes de relocaliser leurs installations afin réduire les interférences extérieures dans les chaînes d’approvisionnement.

La transition énergétique est également un nouveau facteur à prendre en compte. De nombreuses économies émergentes sont confrontées à des pénuries d’électricité qui risquent de peser sur leur production, alors que les sources d’énergie utilisées occupent également une place de plus en plus importante dans les chaînes d’approvisionnement. Les marchés développés ont déjà introduit des prix du carbone, qui engendrent des coûts supplémentaires. Et d’autres pays vont probablement suivre l’exemple de l’UE en introduisant des taxes sur les biens produits dans des régions qui émettent beaucoup de carbone. Des pays comme l’Inde pourraient être durement touchés, compte tenu de leur dépendance toujours très forte vis-à-vis des combustibles fossiles.

À mesure que ces facteurs prendront de plus en plus de place dans la prise de décision des entreprises, les chaînes d’approvisionnement risquent de perdre en efficacité. Cela pourrait entraîner une hausse structurelle de l’inflation et des taux d’intérêt à long terme. Les multinationales ont intérêt à comprendre ces changements et leurs possibles conséquences au moment d’évaluer les priorités dans les chaînes d’approvisionnement.

Quels pays profitent des changements dans les chaînes d’approvisionnement ? 

Dans une étude de Schroders, les marchés émergents sont en majorité dans la liste des 20 pays qui bénéficieront le plus de la restructuration de la mondialisation. 

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L’Inde est considérée comme le marché le plus attractif pour les multinationales souhaitant diversifier leur exposition à l’industrie manufacturière. D’ici 2028, le pays disposera du plus grand réservoir de main-d’œuvre, avec des coûts salariaux relativement faibles et une productivité élevée. 

Le Vietnam se classe en deuxième position en raison de charges salariales peu élevées, d’une productivité compétitive et d’un bon réservoir de main-d’œuvre. Le pays se classe en revanche moins bien au niveau de la liberté d’entreprise. La Corée du Sud affiche de bons résultats, grâce au bon niveau de sa liberté d’entreprise et à une productivité élevée. La Thaïlande, l’Indonésie, le Bangladesh, le Kenya et le Pakistan sont également cités pour leur coûts salariaux plus bas et une démographie favorable. 

Les marchés d’Europe centrale et de l’Est, comme la Pologne, l’Allemagne, la Roumanie, la République tchèque, la Lituanie et la Hongrie figurent également dans la liste, notamment pour leur productivité et la liberté d’entreprise qui y règne. 

Le Mexique, souvent cité dans le cadre du « nearshoring », occupe la 17e place, en raison des salaires compétitifs et du facteur démographique. L’Allemagne et les États-Unis obtiennent des scores relativement élevés - le haut degré de liberté d’entreprise compensant les coûts salariaux plus élevés.

Comment saisir les éventuelles opportunités ? 

La démondialisation est manifestement une tendance à long terme qui durera plusieurs années. Son impact sur les différents pays, secteurs et actions sera très varié. L’enquête offre aux investisseurs un cadre pour leur permettre d’y voir plus clair. Mais d’autres études seront encore nécessaires. Il est important de noter que l’étude ne fait pas état d’un pic pour l’économie chinoise. Il est par ailleurs clair que le changement de régime aura des incidences sur l’économie mondiale, avec des conséquences diverses sur les pays et les marchés.

Lire aussi Globalisation reset : which economies and markets stand to benefit ? Par Andrew Rymer, stratégiste senior, et David Rees, économiste en chef des marchés émergents, de Schroders.