Dick van Ommeren, président du conseil d’administration, Triodos Investment Management
Récemment, j’ai réfléchi à l’investissement durable et sur ses implications. J’ai conclu que ce n’est pas la bonne voie à suivre et que nous devrions y mettre un terme. L’investissement à impact est le seul moteur d’investissement financier pour un changement durable. J’ai quelques raisons de penser ainsi.
Les termes «durable» et «ESG» dans les noms de fonds ne garantissent pas la création de valeur ou la résolution de problèmes. Ils sont surutilisés et ont perdu leur sens profond. Les investissements durables et ESG sont rétrospectifs et évaluent le comportement des entreprises. Plus une entreprise divulgue d’informations ESG, plus elle obtient une bonne note et un bon classement, augmentant ainsi ses chances d’être sélectionnée pour un investissement. Une entreprise avec une grande capacité d’information peut cocher toutes les cases. Les scores ESG ne tiennent souvent pas compte du modèle d’entreprise, ce qui signifie qu’une entreprise de charbon peut obtenir un score élevé avec les bonnes politiques en place, tandis qu’une entreprise d’énergie renouvelable avec un modèle de transition énergétique mais sans politiques solides obtiendra un faible score ESG.
L’investissement à impact, en revanche, est tourné vers l’avenir et cherche activement à créer un changement positif. Le facteur clé est l’intentionnalité. Les investisseurs responsables partent du défi à relever, comme le changement climatique ou les inégalités, et appliquent une théorie du changement. Ils analysent l’impact, le risque et le rendement, examinent la mission, le leadership, la culture, ainsi que les modèles d’entreprise et de revenus, pour déterminer s’ils correspondent à leurs objectifs d’impact. L’investissement durable et ESG se concentre sur la gestion des risques par les entreprises du portefeuille, en évaluant les politiques et procédures, mais quantifier les risques ne signifie pas résoudre les problèmes.
Je comprends la confusion des investisseurs. Les termes «durable», «ESG» et «impact» sont nuancés, et les labels de durabilité des fonds, chacun avec sa propre nuance de vert, n’aident pas. L’UE a introduit le règlement SFDR pour améliorer la clarté et la comparabilité des informations sur la durabilité des produits d’investissement. Ce règlement classe les fonds durables en articles 6, 8 et 9, l’article 9 étant le plus vert. On s’attend à ce que les fonds durables ou ESG, généralement de l’article 8, aient un impact positif et n’investissent pas dans certaines activités comme les combustibles fossiles ou les armes. Cependant, les investisseurs réalisent que ce n’est pas toujours aussi simple.
Il est crucial que les investisseurs désireux de favoriser la création de valeur fassent leurs recherches. Ce n’est pas facile, car l’accès à l’information est limité, et tous les fonds durables ou ESG ne sont pas transparents. En revanche, les investisseurs responsables doivent suivre et communiquer clairement leurs impacts. Chez Triodos Investment Management, nous avons choisi d’être totalement transparents sur nos investissements et leurs impacts, par exemple sur notre site internet et nos rapports d’impact annuels.
En conclusion, les investisseurs doivent réfléchir à leurs intentions et à ce qu’ils attendent de leurs fonds. Veulent-ils soutenir des entreprises qui gèrent leurs risques ou stimuler des actions visant à résoudre les plus grands défis mondiaux ? Ceux qui veulent conduire un changement transformateur durable pour les générations futures doivent faire des recherches approfondies pour comprendre ce qui se cache sous le capot des fonds «durables» et «ESG» et tirer leurs propres conclusions. J’espère qu’ils choisiront d’arrêter l’investissement durable pour commencer à investir dans le but de contribuer à un changement transformateur authentique et durable dont le monde a besoin.